En route vers le Nord du pays
J’en rêvais depuis tellement de temps ! Marcher dans les traces des mayas, découvrir leurs constructions mystérieuses, m’approprier l’ambiance de ces pyramides énigmatiques… Je ne compte plus les années, je parlais déjà de Tikal dans mes projets de voyage en 2011.
Au Nord du Guatemala dans une épaisse forêt se trouve l’ancienne cité maya de Tikal. Avec une dizaine de pyramides dont les derniers étages surplombent la canopée, ce site de la période classique (entre 200 et 900 de notre ère) est l’un des plus grands témoignages archéologiques de la civilisation maya précolombienne.
Pour le rejoindre, le plus simple (& le plus agréable) est de se rendre à Flores (et d’y loger) avec un shuttle (mini-bus) ou en bus climatisé de nuit. Les deux sont destinés aux touristes. Des départs sont envisageables depuis toutes les grandes villes, le trajet dure une journée ou une nuit complète et coûte autour de 30 US$ (évitez la compagnie San Juan).
Sons enregistrés dans la forêt guatémaltèque :
Protégeons la nature :
Sur le chemin vers Flores, les bus font un arrêt obligatoire à un petit check-point. On nous demande de descendre avec nos bagages, une fouille plus ou moins méticuleuse commence. Les hommes en uniforme ne cherchent ni drogue ni armes, mais des fruits.
Le but ? L’éradication d’une mouche nommée « Ceratitis capitata » qui est connue pour détruire de nombreuses espèces végétales. OK, on peut reprendre la route !
FLORES
Flores est une petite presqu’île sur le lac Petén Itzá, reliée au continent par une route. C’est le passage obligatoire pour les voyageurs qui descendent du Mexique et du Belize, ou pour ceux qui souhaitent s’y rendre. Il y a tout ce dont on a besoin pour rester plusieurs jours, des hôtels et restaurants à tous les prix ainsi que de nombreuses agences de voyage pour organiser nos déplacements.
L’ambiance est une nouvelle fois totalement différente de ce que nous avons vu dans le reste du pays. On sent l’influence du Belize voisin : l’esprit festif des Caraïbes est là ! La rue le long du lac a des allures de Croisette une fois la nuit tombée, on y vient en famille ou entre amis pour se détendre ou se montrer comme le font ces fans de mécanique qui font plusieurs fois le tour de l’île avec leurs véhicules décorés.
Le tour de l’île fait moins d’un kilomètre, la promenade dans les étroites ruelles du centre ville est à faire : les façades aux couleurs vives, l’église devant laquelle les « anciens » discutent, les trajets incessants des tuk-tuks… Une ambiance 100% locale à découvrir, différente de la face touristique située en bordure de lac.
Il faut avouer que la vue sur le lac Petén Itzá est assez sympa… !
avant tikal, motul de san josé !
D’autres cites mayas moins réputés que Tikal sont facilement accessibles depuis Flores, comme Motul de San José à une heure de tuk-tuk. Histoire d’apprécier les petits sites, je commence toujours par les visiter en premier pour terminer par les plus connus, les plus « massifs ». Le charme fonctionne plus facilement dans ce sens.
Des pyramides plus petites mais encore totalement enfouies sous la terre, des places non déboisées, des stèles en place… Il y a tout pour se prendre pour « Indiana Jones » et imaginer ce qu’ont pu vivre les premiers explorateurs.
En route !
Le site archéologique est situé à proximité du village de San José qui, comme Flores, se trouve en bordure du lac Petén Itzá. Malgré la proximité (moins de 30km), les chauffeurs de tuk-tuk ne connaissaient pas l’endroit. Nous avons négocié le trajet aller-retour comprenant un stop de deux heures sur place pour 30€ environ.
Motul de san josé : une expérience géniale !
Le manque d’indication sur le trajet nous a obligé à demander notre chemin… Moyennement rassuré, notre chauffeur s’engagea sur ses trois roues dans un sentier de forêt plus ou moins fiable en direction de la forêt.
Après quelques centaines de mètres nous y étions : un panneau fait maison indiquait : sitio arqueológico Motul de San José. Aucun véhicule ne stationnait sur la petite place déboisée servant de parking. Une chose est sûre : le site n’est pas prisé par les voyageurs !
A proximité du parking, une cabane améliorée sert de refuge à deux gardiens. Ils vivent ici en pleine forêt et on pour rôle la protection du site archéologique sur lequel des scientifiques viennent régulièrement faire des recherches.
L’un d’eux, Eduardo, nous a gentiment accueilli. En gros : « Il n’y a aucun ticket à acheter, je peux vous faire visiter si vous le souhaitez. »
Sa machette en main, Eduardo nous a accompagné jusqu’aux temples voisins tout en nous expliquant les rôles de chaque édifice. Il nous a confié qu’il reçoit rarement des visites, qu’il aime son métier permettant la sauvegarde du patrimoine et que par dessus tout, il adore être au contact des archéologues qui, pendant leurs rares fouilles, lui apprennent l’histoire du site.
« Tu vois ce tas de terre recouvert de végétation ? Il y a une pyramide maya ici ! »
A ma grande surprise, nous avons observé des stèles en pleine forêt. Eduardo souhaitait absolument nous les montrer, certaines étaient dans un état de conservation vraiment impressionnant : on peut admirer des personnages et des glyphes mayas, le travail des sculpteurs a gardé toute sa splendeur.
Attention où tu marches, une colonie de fourmis transportait des feuilles ce jour là… !
Plus loin, une pyramide vieille de plus de 1000 ans se dressait devant nous. Eduardo nous faisait signe tout en commençant à escalader l’édifice, il voulait que nous voyons cette petite pièce dans la partie haute du monument et la vue sur le lac au loin depuis le sommet plus haut que les arbres.
Il partageait ses connaissances avec passion, ses yeux brillaient devant chaque vestige de cette civilisation disparue. Nous ne pouvions rêver meilleur guide !
Après deux bonnes heures sur place il était l’heure pour nous de retourner sur Flores. Avant de repartir, Eduardo tenait à partager avec nous un dernier de ces secrets : « Tu vois ce fruit qui pousse en régime ? Les mayas s’en servaient pour créer les pigments rouges utilisés pour peindre les temples et autres objets en céramique du quotidien. »
Cette promenade était vraiment géniale ! Elle nous a offert une autre vision du patrimoine maya, il reste encore tant de sites à découvrir. Que ce soit ici à Motul de San José ou dans d’autres vestiges qui ne sont pas encore exploités par le tourisme, je te conseille vivement la visite. Ce genre d’expérience est inoubliable !
Une journée à Tikal
Si tu ne connais pas Tikal, je te conseille vivement de faire des recherches sur ce site : c’est l’une des plus belles cités de l’ancienne civilisation maya !
A Flores, c’est tout un business ! Il y a des dizaines d’agences pour t’organiser la visite et elles voudront toutes te « charger » à fond. Le plus économique est d’acheter un départ vers 4h du matin pour arriver à 6h sur place juste après le lever de soleil. Oui, on arrive juste après… Le trajet se trouve à partir de 60Q.
Pour arriver avant, il faut acheter un ticket spécial beaucoup plus cher : il comprend un guide obligatoire car il est interdit de se promener librement dans l’enceinte de Tikal avant 6h. Encore faut-il que le ciel soit dégagé tôt le matin, ce qui n’était pas la cas pour moi. Autant arriver à 6h au guichet pour acheter le ticket (150Q).
A notre arrivée, la brume était encore épaisse et il n’y avait presque personne sur place : l’ambiance était magique ! Je me suis assis sur l’un des édifices de la grande place entre deux « monstres » de l’architecture maya, à rester là sans bouger à contempler ces merveilles qui n’ont pas bougé depuis plus de 2400 ans, accompagné par les chants du réveil de la forêt (c’est ici que les sons de l’introduction ont été enregistrés).
La fameuse grande place de Tikal, sur laquelle on peut observer d’étranges dindons ocellés (Meleagris ocellata) qui eux aussi font un bruit vraiment original. Cette place est vraiment incroyable, je te conseille d’y venir tôt avant que les groupes n’arrivent : tu ne seras pas déçu !
Tu peux apercevoir le Temple II sur la photo, il y a plus d’une dizaine de pyramides à Tikal. Le site couvre 576 km² ! Un chemin balisé te permet de ne pas te perdre, je te conseille malgré tout d’avoir un plan avec toi (tu peux t’en procurer un à l’accueil juste après la barrière). Entre 6h et 15h (heure de notre départ), nous avons marché 17 km !
N’étant absolument pas spécialiste des mayas, je ne vais pas m’avancer sur les différentes théories concernant les constructions. Tu as Google et les bibliothèques pour ça.
Après le grande place, tu peux partir en direction de l’immense temple IV : c’est d’ici que le panorama est superbe. Tu surplombes la jungle et peut observer les temples III, II & I devant toi au loin. Si tu prends le temps de bien observer dans les arbres, tu peux voir des toucans (le jaune de leur bec se repère facilement) ou des groupes de perroquets verts.
Ici aussi nous sommes restés sans bouger ni faire de bruit à admirer le spectacle. Il n’y a pas de mots pour décrire ce que tu ressens. Il faut tout simplement le vivre et ouvrir en grand tous les sens pour capter un maximum d’ondes, pour construire nos futurs souvenirs.
Cet immense arbre est situé juste après l’entrée du parc national. Nous y sommes retournés le temps de grignoter quelques sandwichs sur l’heure du midi avant de retourner visiter les autres merveilles de l’enceinte. D’ailleurs, cet arbre (un Ceiba) est celui que tu peux voir sur le drapeau du pays.
Plus loin, un groupe de coatis a croisé notre chemin. Ils n’étaient absolument pas farouches ni agressifs ! Ils sont passés devant nous sans nous porter la moindre attention, ils cherchaient simplement des termitières pour leur repas du midi. Une rencontre amusante comme il est possible d’en vivre à Tikal.
D’ailleurs, il y a aussi les singes hurleurs (je n’ai pas de photo) qui passent d’arbre en arbre à leurs cimes. Ils sont à peine plus gros qu’un chat et fond autant de bruit qu’un éléphant ou un groupe de gorille ! C’est vraiment impressionnant comme ambiance, il n’y a pas que des vielles pierres à découvrir ici.
D’autres pyramides plus petites sont encore sous la végétation pour certaines. Elles aussi ont beaucoup de charme, comme si elles ne voulaient pas se dévoiler totalement pour garder une partie de mystère. Je n’ai pris que quelques photos, tu n’imagines pas à quel point le patrimoine est vaste !
Retour à la grande place sous un beau ciel bleu avant de repartir avec la navette de 15h (ce qui était négocié au départ). Ici le temple I sur les 4 photos suivantes. On peut apercevoir également le temple II sur la 3ème.
Cette journée restera gravée dans ma mémoire, je n’en doute pas. Après Angkor, le Machu Picchu, Petra et d’autres merveilles : Tikal entre dans cette liste des témoignages de civilisation disparue qu’il faut visiter au moins une fois. Se promener dans les sentiers en pleine forêt pour découvrir une merveille tous les 500 mètres est rare, j’en ai vraiment pris plein les yeux !
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